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Publié le par Campanerut

 

 

Je me suis assise , un jour, aux côtés d'un petit garçon qui pêchait dans la courbe frissonnante d'une rivière fulminante d'être ainsi fouillée et harponnée. Et, tandis que l'eau martelait, de son impatience, les berges impassibles, l'enfant communiquait à sa ligne, de façon à peine perceptible, un doux  mouvement qui semblait interroger les flots bougonnants, comme pour en sonder l'énergie capricieuse. Et moi, je me sentais à la fois être l'enfant, la rivière et cette mince corde questionnant l'eau. Et, de ce questionnement imperceptible, empli d'innocence cachée, il me sembla soudain pouvoir atteindre la quiétude des grands fonds. Combien de temps sommes nous restés là, dans cette communion si généreuse, sans que le moindre son ne vienne troubler le chuintement de l'eau. Il s'écoula ce que je pris pour un moment d'éternité !

Puis l'enfant se leva et, après avoir ramassé ses affaires, il tourna son visage vers le mien. Je crus alors y déceler comme une invitation à le consoler de rentrer visiblement bredouille. Et mon "Tu en attraperas plus la prochaine fois !" le laissa un instant rêveur. Puis, après m'avoir décoché un sourire moqueur, il brandit sa ligne sous mon nez et me répondit :

-" Mais regarde donc ! Je n'ai pas de hameçon !!!

- Je ne comprends pas ..." bredouillai-je interloquée.

Mais, sans même me laisser finir, il me glissa à l'oreille.

- "Je t'ai offert ce que j'ai de plus précieux, mais tes rêves t'appartiennent."

Et, l'instant d'après, il avait disparu.

Publié dans pages buissonnières

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P
Merci mille fois de ta visite... Très beau et très vrai ce que tu as écrit...<br /> Je te souhaite une excellente semaine et à bientôt...<br /> Peter Pan...
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